Balade sur la Prairie aux Ducs
Dimanche 20 septembre 2009
Organisée par l’ACB dans le cadre des journées du patrimoine.
Doux soleil sur l’île pour cette balade animée. Yves Averty, directeur de l’ACB accueille les quelques présents ponctuels.
« Nous partîmes 500 et par un prompt renfort
Nous nous vîmes 5000 en arrivant au port »
Logique de partir de la rue Conan Mériadec : premier roi de Bretagne au XIIème siècle. Il est devenu célèbre grâce à la famille de Rohan qui a fait de lui un symbole.
Suit la rue Michel Rocher, commissaire général des cinq départements. Touche à tout, révolutionnaire et ambitieux cet homme a été surnommé par les royalistes en 1848 « Duc de Bretagne ». Sous l’Empire, il est à la tête de la contestation révolutionnaire.
Nous apprenons sur le boulevard Babin-Chevaye que cet homme a été député de la Loire-Inférieure et s’est battu pour les chantiers navals.
http://www.senat.fr/sen3Rfic/babin_chevaye_jean1285r3.html
Un peu plus loin, la rue Saint Hermeland. Herr comme Grand, et Mailand comme chef, étymologie celtique. Ce monsieur était un bourgeois à l’instruction poussée qui s’est destiné à la prêtrise. Il a fait construire un monastère à Indre vers 670-680.
http://boiseau.free.fr/dossiers/personnages/SaintHermelandpdf.pdf
Le dédale suivant nous mène à Michel Columb, le tailleur d’images ; celui qui a figé François II et Marguerite de Foix en gisant à la demande d’Anne de Bretagne ; sculpture visible à la cathédrale de Nantes.
Sur la prairie aux ducs, le récit nous fait imaginer l’espace sans construction, sans route, juste des canaux et des îles. Jusque la fin du XIXème siècle, une seule route la traversait de la Madeleine à Pirmil.
La Tour d’Auvergne est l’archétype du chevalier érudit. Courageux et téméraire, il est le premier grenadier de France et refuse les décorations. C’est un linguiste aussi qui s’est intéressé de près à la langue celtique.
A quelques encablures, un autre héros nous attend : Alain Barbe Torte qui se bat contre les normands et qui libère la ville de Nantes dont il s’empare mais celle-ci est dans un état déplorable. Il va veiller à sa reconstruction.
Pierre Landais était un conseiller du duc François II. Il était comparable à un Richelieu. Il a lutté contre l’influence des nobles bretons qui voulaient un rapprochement avec la France.
Quelques sonneurs du bagad de Nantes nous accompagnent sur le reste du parcours après s’être dégourdie les jambes dans le canisite-pétanque de la place François II avec un bal paludier chanté et une polka jeu animée par Rachid des baragouineurs.
Un autre second rôle de pointe dans la petite histoire de Bretagne à Nantes nous attend à quelques rues. Il s’agit de La Noue auquel on adjoint le surnom de Bras de Fer. Il a le malheur de vivre sous la période de la Réforme ; humaniste et pacifiste convaincu il tente de rendre la guerre moins inhumaine. Lors d’une bataille, son bras est amputé. Un forgeron lui fabrique une prothèse d’où son surnom.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_de_La_Noue
La rue de l’île Mabon était précédemment appelée rue Anne de Bretagne jusqu’à il y a un siècle.
Arthur III, flanquant le palais de justice a été duc un an et presque malgré lui mais il a surtout été remarquable comme connétable.
« Si un jour le ciel m’arrache à toi… ». Insolite : c’est Edith Piaf qui nous conduit à la rue Léon du Rocher, barde breton, élève au lycée de Nantes, co-fondateur des Bretons de Paris avec Le Goffic et surtout auteur des paroles de l’hymne à l’amour (en 1893) que Piaf va s’octroyer par la suite.
La balade se termine quai François Mitterand, pas loin du pont Anne de Bretagne. Après tant de héros et hautes sommités de la vie nantaise le moment est de proposer un nom de rue dans ce quartier en mutation : Serge Laforest (Harcouet de son vrai nom) ; écrivain nantais de polars qui a conçu le cocktail explosif entre CIA et pays nantais par une œuvre très, très prolifique…